mardi 17 juillet 2012

Il y a quatorze ans, Papa




Il y a quatorze ans, Papa

Il n’était pas très grand, mais plutôt costaud
Avec la démarche rapide des petits hommes dynamiques
Il réparait les brûleurs, nettoyait les tuyaux
Nourrissant sa famille avec un revenu famélique.

Plutôt réservé, il parlait peu
Savait placer le bon mot au bon moment
Éloigné des siens, leur visite le rendait heureux
Aux vacances d’été, dans son village il amenait femme et enfants.

Il aimait jardiner, étant né sur une terre
Amateur de hockey, il ne pratiquait aucun sport
Le travail occupait tout son univers
C’est devant la télé qu’il trouvait repos et réconfort

Il fut pour son épouse un compagnon fidèle
C’est avec désarroi qu’il la vit partir avant lui
De dix ans plus vieux qu’elle,
Jusqu’à sa mort, il traîna son ennui.

Il craignait les hôpitaux et la mort
C’est au début de l’été que la faucheuse vint le chercher
Sans se plaindre, depuis deux ans il souffrait dans son corps
Bien sûr, il aurait apprécié encore dix autres années.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est que je pense à lui
Toute une vie de travail et de misère
De privations, de prières et de soucis
Pour finir six pieds sous terre.

mardi 10 juillet 2012

Un dimanche en juillet

Pastel d'après une photo de France

Un dimanche en juillet

Le ciel est bleu et sans nuages
Les avions passent en me narguant
À quand le prochain voyage ?
Pas cet été, évidemment

Tout est tranquille en juillet
Plusieurs sont en vacances
À l’ombre, un petit vent frisquet
De mon tilleul, secoue les branches

À son pied les aimés rocailles batifolent
Comme pour narguer mes hydrangées
Immenses, lourdes et attachées
Pour éviter leur chute au sol

Quant à l’hibiscus, il revit
À sa place sur la galerie
Les lys et les géraniums
Dans la rocaille rayonnent

Et moi dans ma balancelle
Je surveille la floraison
En songeant au travail perpétuel
De tailler haie et gazon

lundi 2 juillet 2012

Le Petit Prince et le renard


Pastel d'après une photo de ma soeur Francine


Le Petit Prince et le renard

— Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

— C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens… »

— Créer des liens ?

— Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…

— Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…

(…)

Mais le renard revint à son idée :

— Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors, ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…

(…)

— Que faut-il faire ? dit le petit prince.

— Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près…

Antoine de Saint-Exupéry "Le Petit Prince".

mercredi 27 juin 2012

Près de la voie ferrée


Peinture de Paul Delvaux

Ma participation à Miletune

Près de la voie ferrée

Elle habite au deuxième
Près de la voie ferrée
Depuis un an à peine
Deux pièces et demie chauffées
À chaque train qui passe
Tout est en vibration
Dans l’armoire les tasses
Émettent quelques sons
Travaille comme couturière
À l’usine de bas nylon
Il faut en coudre des paires
Pour remplir son baluchon
Elle se dit qu’un beau jour
Elle le prendra ce train
Un aller sans retour
Vers un meilleur destin.

mercredi 20 juin 2012

Au bord de Lac Bijou




Au bord de Lac Bijou

Dans le sud de la Louisiane,
Dans le bois d’Attakapas,
Où la rivière rejoint la levée,
Planté dans l’anse est un vieux chêne vert
Au bord de Lac Bijou.

Dans son feuillage,
Où les branches font leur crochet,
Les hirondelles reviennent chaque printemps,
Ils se réfugient dedans ce chêne vert,
Au bord de Lac Bijou.

Tourne, tourne dans mes bras,
Tiens-moi serré encore;
Reste avec moi, en bas le chêne vert
Au bord de Lac Bijou.

C’était l’année de cinquante et sept,
La première fois je les ai vus,
Les deux ensemble se bâtir un nid
Au bord de Lac Bijou.

Ils revenaient quand l’hiver était fini,
Je les appelais Pierre et Marie;
Un grand monsieur noir comme la nuit,
Sa dame oiselle avec lui.

Tourne, tourne dans mes bras,
Tiens-moi serré encore;
Reste avec moi, en bas le chêne vert
Au bord de Lac Bijou.

Pendant le carême ce dernier moi d’avril,
Je lui ai vu une dernière fois,
Un oiseau seul, posé sur sa branche
Au bord de Lac Bijou.

Il restait tranquille, son cœur après se casser,
Guettant du matin au soir,
Jusqu’au dimanche qu’il est parti aussi
Du bord de Lac Bijou.

Tourne, tourne dans mes bras,
Tiens-moi serré encore;
Reste avec moi, en bas le chêne vert
Au bord de Lac Bijou.

Reste avec moi, en bas le chêne vert
Au bord de Lac Bijou.

(Zachary Richard, chanteur cajun de la Louisiane)


http://www.youtube.com/watch?v=qpY-SKIjReI

mercredi 13 juin 2012

La destinée sur un banc


Ma participation à Milletune

La destinée sur un banc

Allongée sur un banc
Pieds nus l’air indolent
Elle feuillette désabusée
Un magazine périmé

C’est qu’elle pense à son amant
Qu’elle a congédié récemment
Parce qu’il voulait régenter
Sa vie de jeune désordonnée

Elle revit les bons moments
De cet amour impudent
Peut-être devrais-je l’appeler?
Essayer de m’améliorer?

C’est ainsi que bien souvent
La vie se règle sur un banc
Après avoir ruminé
Ce qui sera notre bouée.

mercredi 6 juin 2012

Pourtant, il faisait beau


Acrylique 15 x 30 cm

Pourtant, il faisait beau

Pourtant, il faisait beau
La nature débordait de vitalité
Avons sortis ciseaux et râteaux
Pour tailler et enjoliver

Et voilà que pendant ce temps
Dans notre dos comme un revenant
S’est infiltré dans la maison
Petit voleur d’occasion

C’est comme un viol
Ça fait mal en dedans
Et ce n’est pas pour l’argent
Plutôt ce monde fou qui me désole

Alors, j’ai peint n’importe quoi
Pour exprimer mon désarroi
C’est le début d’un temps nouveau
Et pourtant, il faisait beau