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Pastel
Les illusions
Oui, les illusions dont toujours je me berce
En vain leurrent mon cœur d'un espoir décevant ;
Impassible et cruel le monde les disperse,
Ainsi que des brins d'herbe emportés par le vent.
Et moi, me rattachant à ma fortune adverse,
J'étouffe dans mon sein tout penser énervant ;
Malgré mon désespoir et les pleurs que je verse,
Je crois à l'avenir, et je marche en avant !
Pour soutenir ma foi, j'affronte le martyre
Des sarcasmes que jette une amère satire
À mon rêve d'amour le plus pur, le plus cher !
On peut tailler le roc, faire mollir le fer,
Fondre le diamant, dissoudre l'or aux flammes,
Mais on ne fait jamais plier les grandes âmes !
Louise Colet
Pastel
Au bord de l'eau
S’asseoir tous deux au bord d’un flot qui passe,
Le voir passer ;
Tous deux, s’il glisse un nuage en l’espace,
Le voir glisser ;
À l’horizon, s’il fume un toit de chaume,
Le voir fumer ;
Aux alentours, si quelque fleur embaume,
S’en embaumer ;
Si quelque fruit, où les abeilles goûtent,
Tente, y goûter ;
Si quelque oiseau, dans les bois qui l’écoutent,
Chante, écouter...
Entendre au pied du saule où l’eau murmure
L’eau murmurer ;
Ne pas sentir, tant que ce rêve dure,
Le temps durer ;
Mais n’apportant de passion profonde
Qu’à s'adorer ;
Sans nul souci des querelles du monde,
Les ignorer ;
Et seuls, heureux devant tout ce qui lasse,
Sans se lasser,
Sentir l'amour, devant tout ce qui passe,
Ne point passer !
René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
J'ai reçu un beau présent d'une amie blogueuse qui est très habile de ses mains.
Merci Claude !
Solange