
Résidence du Bonheur
Ô santé ! santé ! bénédiction des riches, richesse des pauvres ! qui peut t’acquérir à un prix trop élevé, puisqu’il n’y a pas de joie sans toi ?
Ben Jonson (Volpone)
Chaque semaine depuis près de onze ans, je me rends à la Résidence du Bonheur, résidence pour personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Au son du carillon, ils sont un petit groupe à s’agglutiner devant la porte, dans l’espoir de pouvoir sortir. Je suis accueillie par un grand monsieur tout souriant qui me fait voir son petit album de photos d’autos des années 1920. Cet album qu’il montre fièrement à tout nouveau venu, il me le montre toujours comme si c’était la première fois.
Je me joins à quelques personnes qui font les cent pas à longueur de journée. Je bavarde avec elles sans comprendre un traître mot de leurs réponses. Comme elles me sourient, j’en conclus qu’elles sont satisfaites. On me reconnaît de vue, mais je dois me nommer et répondre toujours aux mêmes questions. Chaque semaine, nous faisons une activité différente : jeu de quilles en plastique, jeu de poches, bingo pour les plus aptes. Et ça se termine toujours par des chansons.
Régulièrement, nous accueillons des musiciens-chanteurs. C’est un plaisir de faire danser nos vieux au son de la musique. Quelques fois, pour certains, la musique fait remonter des souvenirs qui les font pleurer.
Au fil des ans, j’en ai vu partir plusieurs à petit feu. C’est toujours un ami qui s’en va.
Je sais que chaque semaine je leur apporte un peu de bonheur, ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils me le rendent bien.
Ô santé ! santé ! bénédiction des riches, richesse des pauvres ! qui peut t’acquérir à un prix trop élevé, puisqu’il n’y a pas de joie sans toi ?
Ben Jonson (Volpone)
Chaque semaine depuis près de onze ans, je me rends à la Résidence du Bonheur, résidence pour personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Au son du carillon, ils sont un petit groupe à s’agglutiner devant la porte, dans l’espoir de pouvoir sortir. Je suis accueillie par un grand monsieur tout souriant qui me fait voir son petit album de photos d’autos des années 1920. Cet album qu’il montre fièrement à tout nouveau venu, il me le montre toujours comme si c’était la première fois.
Je me joins à quelques personnes qui font les cent pas à longueur de journée. Je bavarde avec elles sans comprendre un traître mot de leurs réponses. Comme elles me sourient, j’en conclus qu’elles sont satisfaites. On me reconnaît de vue, mais je dois me nommer et répondre toujours aux mêmes questions. Chaque semaine, nous faisons une activité différente : jeu de quilles en plastique, jeu de poches, bingo pour les plus aptes. Et ça se termine toujours par des chansons.
Régulièrement, nous accueillons des musiciens-chanteurs. C’est un plaisir de faire danser nos vieux au son de la musique. Quelques fois, pour certains, la musique fait remonter des souvenirs qui les font pleurer.
Au fil des ans, j’en ai vu partir plusieurs à petit feu. C’est toujours un ami qui s’en va.
Je sais que chaque semaine je leur apporte un peu de bonheur, ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils me le rendent bien.