
Chantons enfants !
Heureux qui peut, au sein d’un vallon solitaire, naître, vivre et mourir sur le champ paternel.
Victor Hugo
Que vous chanterai-je enfants ? Que vous chanterai-je ?
C’est de Faustin et de Faustine.
Faustin à Faustine parlait.
Faustine à Faustin répondait :
- Dame ! Il fait beau.
- Il ne fait pas vilain.
- Nous avons du bon blé.
- Nous aurons du beau pain.
- L’hiver viendra bientôt.
- La gelée n’est pas loin.
Ainsi tout le jour, du dévidoir au peloton, les mots allaient ce train. Le soleil, lui, dorait le fil léger du psaume. Le vent à la porte jouait, et dans le vent, la guêpe.
Je vous en souhaite autant.
Que vous chanterai-je enfants, que vous chanterai-je ?
C’est de Faustin et de Faustine encore.
L’un et l’autre fanaient. Je passais près du champ. Ils me firent un grand signe. Ils avaient des bleuets cachés sous la veillotte. La cueilleuse me dit : « Prenez ! Ils sont à vous. »
Je ne sais plus au juste ce qu’en mangeant nous dîmes. L’un chantait le verset et l’autre, le répons.
Le ciel était sur nous comme un bleuet aussi. Les grillons crépitaient au fond de l’herbe mûre.
Chantons ! enfants, chantons !
Sur une flûte faite d’un saule de Lélie, chantons le beau faneur, debout comme un palmier, balançant sur son pré ses palmes de long mil.
Félix-Antoine Savard (L’Abatis)
Heureux qui peut, au sein d’un vallon solitaire, naître, vivre et mourir sur le champ paternel.
Victor Hugo
Que vous chanterai-je enfants ? Que vous chanterai-je ?
C’est de Faustin et de Faustine.
Faustin à Faustine parlait.
Faustine à Faustin répondait :
- Dame ! Il fait beau.
- Il ne fait pas vilain.
- Nous avons du bon blé.
- Nous aurons du beau pain.
- L’hiver viendra bientôt.
- La gelée n’est pas loin.
Ainsi tout le jour, du dévidoir au peloton, les mots allaient ce train. Le soleil, lui, dorait le fil léger du psaume. Le vent à la porte jouait, et dans le vent, la guêpe.
Je vous en souhaite autant.
Que vous chanterai-je enfants, que vous chanterai-je ?
C’est de Faustin et de Faustine encore.
L’un et l’autre fanaient. Je passais près du champ. Ils me firent un grand signe. Ils avaient des bleuets cachés sous la veillotte. La cueilleuse me dit : « Prenez ! Ils sont à vous. »
Je ne sais plus au juste ce qu’en mangeant nous dîmes. L’un chantait le verset et l’autre, le répons.
Le ciel était sur nous comme un bleuet aussi. Les grillons crépitaient au fond de l’herbe mûre.
Chantons ! enfants, chantons !
Sur une flûte faite d’un saule de Lélie, chantons le beau faneur, debout comme un palmier, balançant sur son pré ses palmes de long mil.
Félix-Antoine Savard (L’Abatis)