Un dimanche
Beau dimanche ensoleillé d’octobre. Je roule en voiture sur la 25, en pensant que ça ferait du bien de partir en voyage. Plus de repas à préparer, s’éloigner un peu de la routine.
J’arrive à la résidence où je vais voir mon frère chaque semaine. Il y est depuis trois ans, à la suite d’un traumatisme crânien, résultat d’une chute en état d’ébriété.
Je compose le code de sécurité et j’arrive dans la grande salle à manger. Tout le long des murs, des chaises berçantes. Plusieurs hommes et femmes, alzheimer pour la plupart se bercent, toujours en robe de chambre à dix heures.
Je frappe à la porte de sa chambre, pas de réponse. J’entends sa radio qui joue sans arrêt jour et nuit. J’entre. Il est couché, assommé par les médicaments.
Je lui apporte un peu d’argent, des biscuits que je lui fais, son horaire télé. Cet après-midi, son fils viendra le chercher. Il ira jouer aux dames avec un vieux voisin. Mon frère n’a que soixante ans.
J’ai repris la 25, admiré la couleur des feuilles. La radio jouait une chanson d’un frère à sa sœur :
« Anyway, j’suis content que tu r’viennes
T’arrives en même temps qu’l’automne
Tu sais qu’ça m’a fait ben d’la peine
De t’voir partir ma mignonne… »