Acrylique
Je remets cette publication de septembre 2007 parce que je me suis fracturé une vertèbre et que je ne peux rester longtemps assise dans la même position.
La maison de campagne
J’ai dix ans et comme à chaque année pour les vacances, mon père nous amène à la campagne dans sa maison natale. C’est une maison tricentenaire. En partant du village, on y accède par un petit chemin à travers champs.
Soudain, elle apparaît, vieille maison en bois plusieurs fois refaite, mais elle a gardé ses portes basses et ses fenêtres à persiennes nommées familièrement « jalousies ». Elle possède une grande galerie à l’avant, mais c’est toujours par le côté que nous entrons.
Nous arrivons dans la cuisine d’été, il y a un poêle à bois, la table et les chaises ont été confectionnées par l’habitant et peintes en brun. Il y a une rangée de vieilles chaises berçantes le long du mur côté sud et près de la fenêtre la grosse berceuse de mon oncle d’où il surveille les mouvements de la mer et les variations de la météo.
Cette maison est immense, comme les familles. À part la cuisine d’été, elle possède une grande cuisine, c’est la salle de réunion familiale, un salon avec un vieux piano à queue, des photos d’ancêtres sur les murs et un certificat attestant la donation de ces terres par Samuel de Champlain. Trois chambres complètent le rez-de-chaussée.
À l’étage quatre grandes chambres avec des meubles anciens et sur les lits, de belles catalognes et courtes pointes faites par les femmes de la maison. Un grenier complète le tout. Dans ce grenier où nous allons parfois les jours de pluie, quatre rouets qui s’ennuient de leurs années actives, de vieilles malles remplies de linge et de souvenirs et aussi des objets anciens dont on ne se sert plus.
Tous les mercredis, tante Lucie chauffe le poêle à blanc et fabrique son pain pour la semaine dans le fournil derrière la cuisine d’été. Ce jour-là, nous avons droit à une bonne tartinade de pain frais.
Autour de la maison, quelques jeunes arbres et des fleurs. À l’ouest un grand jardin, à l’arrière, un poulailler et un peu plus bas à l’est en allant vers l’étable, quelques cochons.
C’est un endroit de rêve pour des enfants de la ville. Je comprends mon père d’avoir eu toute sa vie le mal de son coin de pays.
Cette maison renferme plein de souvenirs heureux et malheureux. Elle fut témoin de nombreux mariages, décès et naissances.
Ah ! si les murs pouvaient parler, ils en auraient long à raconter.