mercredi 25 février 2009

Mon amie de Bretagne

À Marguerite-Marie à sa demande

Mon amie de Bretagne

Elle se promène
Dans les rues de Rennes
Avec son appareil-photo
Écoles, mairie, affiches mêmes
Suivez-la dans les rues de Rennes
La ville vous connaîtrez bientôt

Pourtant, elle est sereine
Sans être souveraine
Elle ne porte pas de sabots
Mais elle n’est pas vilaine
Sur sa photo, je la vois à peine
Je l’ai peinte aux doigts et non aux pinceaux

Si vous la rencontrez vous-mêmes
Dans les rues de Rennes
Donnez-lui ce petit cadeau
Il vient d’une région lointaine
C’est un bouquet de Marjolaines
En amitié pour ses topos

jeudi 19 février 2009

Soir d'hiver

(Ma première peinture acrylique)

Soir d’hiver

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai !

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : où vis-je ? où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai !…

Émile Nelligan (1879 - 1941)

jeudi 12 février 2009

À mon Valentin


À mon Valentin

Je le connais depuis si longtemps
Qu’il fait partie de moi-même
Et malgré ses cheveux blancs
Il sait que je l’aime

À vingt ans, nous étions voisins
Il s’appliquait à me faire la cour
Je l’évitais, dame ! il faut bien
Mettre un peu de piquant en amour

Petit à petit, je me suis laissée prendre
À l’autel, nous avons convolé
J’ai choisi la bonne pente
L’oiseau au nid est resté

Et voilà qu’aujourd’hui l’on fête
Valentin le saint de l’amour
Fleurs, chocolat, sonnez trompettes
Elle veut déclarer son amour

À mon ami, mon amant, mon homme
Le seul que j’ai vraiment aimé
C’est mon cœur que je donne
Il est encore tout enflammé

jeudi 5 février 2009

Méditation sur l'hiver


Méditation sur l’hiver

Dire que v’là l’hiver qui s’amène,
Que v’là l’frett qui commence pour tout d’bon !
Si y en a à qui ça fait d’la peine,
C’toujours pas aux marchands d’charbon.

L’charbon, ça s’donne pas pour des prunes
Ceux qu’en achètent s’en sont aperçu.
On s’chauffe toujours pas à la lune,
Avec des p’lottes de neige, non plus !

Les savants qui font d’z’écritures
Disent qu’icitte c’t’un pays d’santé.
Moé, j’connais notre température,
J’trouve pas qu’y’a d’quoi tant s’en vanter.

L’frett, c’est beau pour les personnes
Qu’ont une maison ben à couvert,
Pis qu’ont une fournaise qui ronronne.
Eux autres savent pas c’que c’est, l’hiver.

Quand j’pense que y’a du pauvre monde
Dans des maisons frettes comme dehors
Qu’écoutent le vent qui sile, qui gronde
Dans leu’ ch’minée pis leu’ poêle mort.

Y’a des pauvres enfants qui grelottent
Pis qui s’couchent, le soir, sans manger,
Des mères de famille qui sanglotent
Quand l’mari rentre, découragé.

C’pas étonnant qu’i’ait pus d’courage !
Pus d’pain ! Pus d’charbon ! Pus un sou !
Y’a pas moyen d’trouver d’ouvrage ;
Y’a eu beau chercher tout partout.

Par d’sus l’marché, l’propriétaire
Va v’nir collecter son loyer
Pis prendra pas d’temps à les faire
J’ter dehors s’y peuvent pas payer.

C’est vrai que j’sus pas millionnaire,
Y s’en manque ben, pis d’un grand bout ;
J’sus par riche, mais j’ai pas d’misère,
Pis, on a ben un p’tit peu d’tout !

J’pense à ça quand j’ai d’z’idées noires,
Que j’me sens pas trop su’ l’piton,
Qu’j’ai envie d’ruer dans les menoires,
Pis ça me r’met te-suit’ su’ l’ton.

Émile Coderre, alias Jean Narrache (1893-1970)
(Écrit pendant la crise des années 30)

jeudi 29 janvier 2009

Qu'est-ce que tu fais de bon


Qu’est-ce que tu fais de bon ?

Quel retraité ou quelle femme à la maison ne s’est pas fait poser cette question ? Comme si, parce qu’on n’a pas d’employeur pour nous diriger, on ne savait plus quoi faire de nos journées. Pour être dans les normes, il faudrait répondre : je joue au golf, ou, je bricole, ou encore, je passe l’hiver dans le Sud.

Pourquoi faut-il décrire, à des personnes pas trop près de nous, un horaire détaillé de nos journées ? Toute la vie nous rendons des comptes : à nos parents, à nos professeurs, à nos patrons. Peut-on, à la retraite, nous laisser vivre à notre guise ?

D’ailleurs, comme le dit si bien mon mari : « Je me demande où je trouvais le temps de tout faire quand je travaillais. »

vendredi 23 janvier 2009

Jeune fille à ombrelle


Jeune fille à ombrelle

J olie et charmante
E lle marchait à petits pas
U ne ombrelle à la main
N égligeant les passants
E t les pique-niqueurs attablés

F olle envie lui prit
I nstantanément de s’appuyer
L a main au lampadaire
L e pied soulevé légèrement
E n guise de repos

À voir cela dans le parc d’

O ttawa notre capitale
M oi toujours à l’affût
B ien entendu, de sujets
R éels ou inventés
E n photo je l’ai prise
L 'occasion était trop belle
L a voici faite au pastel
E spérant qu’elle vous plaise

vendredi 16 janvier 2009

Sur la route 9

Saint-Denis-de-Kamouraska

Sur la route 9

C’est vers quatre heures qu’on nous réveillait
Nous déjeunions à la hâte, tout heureux de partir
Depuis plus d’une semaine, maman préparait
Les valises pour deux semaines de plaisir.

Papa avait fait mettre en ordre sa vieille Studebaker
Et sur la route 9 pour une ballade de cinq heures
Neuf enfants, les parents et le chien
S’installaient et essayaient d’être bien.

Dans la Studebaker bleue
Sur la route 9
Nous roulions heureux
Cordés comme dans une boîte d’œufs

La route était longue et il faisait chaud
Sans arrêt, nous roulions pour arriver tôt
La voie était simple, les vacanciers nombreux
Plus le temps passait, plus nous étions nerveux

Dans la Studebaker bleue
Pour passer le temps
Nous chantions un peu
Des airs emballants

Sur la route 9 dans les années cinquante
Une vieille Studebaker bleue amenait neuf enfants
Pour deux semaines de vacances
Dans le Bas-Saint-Laurent


(septembre 2007)