dimanche 22 juillet 2012

Je pars en vacances




Je pars en vacances

À moi les journées en pleine nature, les grands champs chauffés par le soleil où l’herbe craque sous nos pas.
À moi l’air salin du fleuve que le vent apporte du large.
À moi les petits villages sympathiques avec leurs maisons coquettes ignorant les « monster houses ».
À moi les réveils matinaux aux cris des corneilles et à ceux des mouettes qui se disputent quelques restes.
À moi les ciels parsemés d’étoiles impossible à voir à la ville.
Kamouraska, me voilà !
Trois semaines loin de la ville que je serai pourtant heureuse de retrouver le 13 août.

mardi 17 juillet 2012

Il y a quatorze ans, Papa




Il y a quatorze ans, Papa

Il n’était pas très grand, mais plutôt costaud
Avec la démarche rapide des petits hommes dynamiques
Il réparait les brûleurs, nettoyait les tuyaux
Nourrissant sa famille avec un revenu famélique.

Plutôt réservé, il parlait peu
Savait placer le bon mot au bon moment
Éloigné des siens, leur visite le rendait heureux
Aux vacances d’été, dans son village il amenait femme et enfants.

Il aimait jardiner, étant né sur une terre
Amateur de hockey, il ne pratiquait aucun sport
Le travail occupait tout son univers
C’est devant la télé qu’il trouvait repos et réconfort

Il fut pour son épouse un compagnon fidèle
C’est avec désarroi qu’il la vit partir avant lui
De dix ans plus vieux qu’elle,
Jusqu’à sa mort, il traîna son ennui.

Il craignait les hôpitaux et la mort
C’est au début de l’été que la faucheuse vint le chercher
Sans se plaindre, depuis deux ans il souffrait dans son corps
Bien sûr, il aurait apprécié encore dix autres années.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est que je pense à lui
Toute une vie de travail et de misère
De privations, de prières et de soucis
Pour finir six pieds sous terre.

mardi 10 juillet 2012

Un dimanche en juillet

Pastel d'après une photo de France

Un dimanche en juillet

Le ciel est bleu et sans nuages
Les avions passent en me narguant
À quand le prochain voyage ?
Pas cet été, évidemment

Tout est tranquille en juillet
Plusieurs sont en vacances
À l’ombre, un petit vent frisquet
De mon tilleul, secoue les branches

À son pied les aimés rocailles batifolent
Comme pour narguer mes hydrangées
Immenses, lourdes et attachées
Pour éviter leur chute au sol

Quant à l’hibiscus, il revit
À sa place sur la galerie
Les lys et les géraniums
Dans la rocaille rayonnent

Et moi dans ma balancelle
Je surveille la floraison
En songeant au travail perpétuel
De tailler haie et gazon

lundi 2 juillet 2012

Le Petit Prince et le renard


Pastel d'après une photo de ma soeur Francine


Le Petit Prince et le renard

— Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

— C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens… »

— Créer des liens ?

— Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…

— Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…

(…)

Mais le renard revint à son idée :

— Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors, ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…

(…)

— Que faut-il faire ? dit le petit prince.

— Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près…

Antoine de Saint-Exupéry "Le Petit Prince".