lundi 30 septembre 2013

Que restera-t-il

Pastel

Que restera-t-il

Un jour, en regardant de vieilles photos, mes enfants diront : « Elle est partie bien vite » ou « elle a eu une longue vie bien remplie », selon l’âge de ma mort.  Que leur restera-t-il de moi ?  Le souvenir d’une mère aimante et dévouée ?  Ou sévère et exigeante ?  Auront-ils la nostalgie de leur enfance à la maison ?  Mes petits-enfants dans le tourbillon de la vie moderne penseront-ils à moi quelques fois ?

Et, bien des années plus tard, quand les photos auront jauni, que mes proches seront partis à leur tour, se trouvera-t-il quelqu’un encore intéressé à ces vieilles reliques ?

Qui habitera la maison où j’ai tant travaillé ?  Mes fleurs, mes arbres me survivront-ils longtemps ?  Mes albums de pastels et de poèmes qui ont tant de valeur pour moi, seront-ils brûlés ?  Aurai-je laissé quelques marques de mon passage ici-bas ?

Toutes ces questions restent sans réponses.

Ou dira-t-on, pour paraphraser la chanson de Guy Béart :

Elle était simple quidam,
Son père était quidam,
Sa mère était quidam
Et elle est morte quidam aussi.

dimanche 22 septembre 2013

L’ automne

Acrylique d'après une photo de Annicklic

L’ automne

Au printemps des fleurs, en automne la lune
En été une brise fraîche, en hiver la neige
Si votre esprit n’est pas encombré d’un inutile fatras
La vie merveilleuse s’ouvre devant vous

(Wu-Men-Kuan)

La vieille barque
Envahie d’herbes sauvages
Bouquet d’automne

La nuit s’étire
Les amoureux se réchauffent
L’érable en rougit

(Solange Raymond)

mardi 17 septembre 2013

Le bouquet

Acrylique 30 x 15 cm

Le bouquet

Que faites-vous là petite fille
Avec ces fleurs fraîchement coupées
Que faites-vous là jeune fille
Avec ces fleurs ces fleurs séchées
Que faites-vous là jolie femme
Avec ces fleurs qui se fanent
Que faites-vous là vieille femme
Avec ces fleurs qui meurent


J’attends le vainqueur.

Jacques Prévert, Paroles

lundi 9 septembre 2013

Séjour à Québec


La basilique Sainte-Anne-de-Beaupré


Intérieur de la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré


Le parlement de Québec


Devant la porte principale du parlement :  Hommage à la famille amérindienne


La fontaine de Tourny déménagée de Bordeaux à Québec pour le 400e anniversaire de la ville


Rue typique du vieux quartier


Une jolie enseigne


La cathédrale de Québec


Le Saint-Laurent vu de la Terrasse


Le Château Frontenac, hôtel de prestige


Le chemin qui longe la Citadelle


310 marches à gravir de la Terrasse au Parc des Champs-de-Batailles


Enfin rendus


Sur le chemin du retour

dimanche 1 septembre 2013

Le bouquet de noce

Acrylique d'après une photo de Noëlle

Le bouquet de noce

Ce soir , après le chapelet, pendant que la mère couchait les enfants, le bonhomme se rassoyait pour fumer une dernière pipe, la meilleure de la journée, et il demandait à Hortense, sa fille aînée :

- Ma fille, entre donc un peu de bois pour le déjeuner, demain.

Hortense sortait et revenait avec quelques rondins ; elle ne pouvait pas en prendre beaucoup, car elle avait déjà sa brassée. Alors le bonhomme disait :

- Eh, ma fille, comme tu as les bras courts !

C’était de même chaque soir. Puis Hortense s’allait coucher en rougissant.

Un dimanche après-midi, un grand gars s’amène. Pour qui vient-il ? Le grand gars ne le dit pas. Hortense s’offre à prévenir son père. Le gars n’est pas pressé : « Dérangez-le pas; je vais l’attendre ici .» Pour ne pas être impolie, Hortense l’attend avec lui. Quand le bonhomme rentre, il voit le cavalier et il n’est pas content. Le soir, après le chapelet, Hortense lui demande :

- Voulez-vous que j’aille quérir du bois?

Le bonhomme répond :

- Non ma fille.

Alors Hortense va se coucher, bien plus rouge que d’habitude.

La noce eut lieu deux mois plus tard. À la fin de la soirée il n’y avait plus de coin, tout le monde était rond. On avança devant la porte la voiture du marié. Comme Hortence y montait, le cheval se cabra, elle échappa son bouquet. D’un coup de fouet le marié remit la bête d’aplomb.

- Fais-toi obéir lui cria-t-on.

Pour toute réponse il brandissait son fouet, puis il détendit les guides. Hortense ne riait pas, et le grand galop les emporta.

En revenant de faire son train, le lendemain, le bonhomme fronça les sourcils : on venait à travers champ en robe de noce. Il entra et à sa femme dit :

- Je crois que le curé a mal appliqué le sacrement. Regarde un peu qui nous revient : c’est Hortense par travers champs.

La femme dit au bonhomme :

- Fume ta pipe et reste tranquille.

Hortense ouvrit la porte ; de ses bras courts elle pressait un chagrin plus lourd que les rondins. Quand elle vit son père impénétrable, faisant de la fumée pour cacher son sentiment, les bras lui tombèrent, mais cela ne changea rien : le chagrin était bien attaché.

- Bonjour, ma fille, dit la mère. Tu viens sans doute chercher ton bouquet ? Le voici. Je l’ai ramassé dans la poussière : les roues de la voiture avaient passé dessus.

Hortense pris le bouquet. La mère dit au bonhomme :

- Attelle et va reconduire ta fille chez elle.

Le bonhomme la reconduisit donc. Chemin faisant, il fumait sa pipe, il ne disait pas mot. Et près de lui, sous la pluie, Hortense tenait son bouquet défleuri.

Jacques Ferron, Contes