jeudi 25 septembre 2008

Chantons enfants !


Chantons enfants !

Heureux qui peut, au sein d’un vallon solitaire, naître, vivre et mourir sur le champ paternel.
Victor Hugo

Que vous chanterai-je enfants ? Que vous chanterai-je ?
C’est de Faustin et de Faustine.
Faustin à Faustine parlait.
Faustine à Faustin répondait :
- Dame ! Il fait beau.
- Il ne fait pas vilain.
- Nous avons du bon blé.
- Nous aurons du beau pain.
- L’hiver viendra bientôt.
- La gelée n’est pas loin.

Ainsi tout le jour, du dévidoir au peloton, les mots allaient ce train. Le soleil, lui, dorait le fil léger du psaume. Le vent à la porte jouait, et dans le vent, la guêpe.

Je vous en souhaite autant.

Que vous chanterai-je enfants, que vous chanterai-je ?
C’est de Faustin et de Faustine encore.

L’un et l’autre fanaient. Je passais près du champ. Ils me firent un grand signe. Ils avaient des bleuets cachés sous la veillotte. La cueilleuse me dit : « Prenez ! Ils sont à vous. »

Je ne sais plus au juste ce qu’en mangeant nous dîmes. L’un chantait le verset et l’autre, le répons.

Le ciel était sur nous comme un bleuet aussi. Les grillons crépitaient au fond de l’herbe mûre.

Chantons ! enfants, chantons !

Sur une flûte faite d’un saule de Lélie, chantons le beau faneur, debout comme un palmier, balançant sur son pré ses palmes de long mil.
Félix-Antoine Savard (L’Abatis)

mercredi 17 septembre 2008

Le défricheur


Le défricheur

Que de travail
Pour faire de cette terre « en bois debout »
Une terre cultivable
Bûcher, essoucher, labourer la terre
Bâtir une cabane en bois rond
Pour s’y loger au début.

Après plusieurs années à peiner
Enfin une maison confortable
Et une terre qui fait sa fierté.

Heureux celui
Qui le soir sur sa galerie
Voit descendre doucement
Le soleil sur ses champs
Douce mélancolie.

mercredi 10 septembre 2008

Jeunesse

(adaptation d'un tableau de Jean-Léon Gérôme : "Le bain")

Jeunesse

Beaucoup de gens ne sont jamais jeunes
Quelques personnes ne sont jamais vieilles
(George Bernard Shaw)

Pendant une aimable jeunesse
On n’est bon qu’à se divertir
Et quand le bel âge vous laisse
On n’est bon qu’à se convertir
(Madame de la Sablière)

À vingt-neuf ans, les enfants étant jeunes, le besoin de distraction me poussa à m’inscrire à des cours de yoga. Cette activité combla ma quête de discipline. J’ai cessé simultanément de fumer, de prendre de l’alcool et de boire du café. Pour m’encourager dans ces gros sacrifices, je me disais : quand je serai vieille, je recommencerai. Mais voilà : je ne sais pas quand je serai vieille.

mercredi 3 septembre 2008

L'épouvantail

(Pastel d'après une photo extraite du blogue de Zoreilles)

L’épouvantail

Regardez-le, ce drôle de pantin
Planté au milieu du jardin
Ses habits en haillons, son chapeau de paille
Nul ne l’invite à faire ripaille
Il cherche à faire le beau
Ne sert qu’à effrayer les moineaux
Durant tout l’été, il veille
Certains l’appellent « peureux à corneilles »
Et si à la fin de l’été
Il a l’air un peu fatigué
C’est qu’il n’a plus d’utilité
Le blé est engrangé
Il ne lui reste qu’une jouissance
Pour apaiser ses souffrances
C’est de régner en « king ou queen »
Le soir de l’Halloween


(Je fête aujourd'hui mon premier anniversaire de blogueuse)