lundi 14 avril 2008

Le village de mon enfance


Le village de mon enfance

D’où suis-je ? Je suis de mon enfance. Je suis de mon enfance comme d’un pays.
Antoine de Saint-Exupéry

Dans les années 1950, j’habitais un petit village sur la rive nord de la rivière Des Prairies. Il ne comptait qu’une vingtaine de rues en plus du boulevard Lévesque. Celui-ci, bordé de gros arbres qui lui donnaient un air romantique comme dans les peintures de Marc-Aurèle Fortin, en était la rue principale.

Je fréquentais le couvent des sœurs de la Providence, une grosse bâtisse en pierres, avec un grand jardin à l’arrière qui donne sur la rivière. Le couvent fait face à l’église érigée en 1853 et elle aussi en pierres avec deux clochers. Son intérieur portait au recueillement. Notre curé et son vicaire habitaient le presbytère juste à côté.

Les garçons avaient leur école tenue par les frères Maristes. Les frères possédaient aussi le Collège Laval qui dispensait le cours secondaire. À l’arrière du collège : une immense cour qui était un havre de paix pour les promeneurs.

La plupart des hommes du village travaillaient au pénitencier sur la montée Saint-François. Le Club des Quatre-Tours, voisin du pénitencier était leur lieux de rencontre.

Nous avions six épiceries, trois barbiers, deux pharmacies, quelques petits restaurants et un terminus d’autobus. À cet endroit, le patron tenait un comptoir et sa bonhomie égayait l’attente des voyageurs.

La Caisse populaire comme c’est souvent le cas, avoisinait l’église. La Banque Canadienne Nationale était en face de l’Auberge des Écores surtout populaire pour son bar au sous-sol. Le bureau de poste, sur la rue du Collège était voisin de la quincaillerie.

La voie ferrée du Canadien pacifique passe au nord du village. La gare accueillait les voyageurs assez nombreux, car l’automobile n’était pas à la portée de tous.

À cette époque, le laitier et le boulanger vendaient leurs produits tous les jours de porte en porte.

J’habitais un beau village, la vie y était tranquille, les enfants avaient les rues et les vastes champs pour s’amuser. C’était un village vivant.

Aujourd’hui, j’habite toujours le même village qui a pris de l’expansion. Il fait maintenant partie de la grande ville de Laval. Les beaux arbres du boulevard ont été coupés pour élargir la route. Les supermarchés ont forcé la fermeture des petites épiceries. Tous les petits commerces ont déserté le village, tués par les centres commerciaux.

Le couvent est devenu une résidence pour personnes âgées et l’école des garçons un centre communautaire. Le collège est maintenant laïque et l’accès à la cour nous est interdit. Le village est devenu sans vie. Mais quand je me promène dans ses rues, j’ai la nostalgie des beaux endroits de mon enfance.

22 commentaires:

Rosie a dit…

Wow! j'adore ta peinture, le papillon est tellement réel, on dirait qu'il est prêt à s'envoler.

Et oui, la nostalgie de notre enfance et adolescence, pour ma part, je l'ai passé à Montréal-Nord, près du Pont Pie IX, aujourd'hui, c'est un ghetto de noirs, tout a changé, rien n'est plus pareil, j'ai tellement de peine quand je repasse par hasard par là, les gens qui y ont leurs maisons depuis longtemps, doivent vraiment se désoler de vivre cela.

De nos jours, les églises et presbytères sont rendues des résidences de personnes âgées, les p'tits commerçants ont dû laisser leurs places aux gros magasins, le service attentionné que nous avions a disparu.

Tout change, mais pas pour le mieux. Que je comprends ton sentiment de nostalgie.

Bon mardi, ma belle amie et bisous xxxxxxx

Anonyme a dit…

Quelle nostalgie tu as quand on lit tes lignes, c'est vrai quand on revient dans les villes de nos enfances, on ne reconnait plus rien, c'est triste, tout est transformé... enfin c'est la vie

Bisous, tu as encore une erreur dans ton adresse

http://xn--grand-mre-sol-2gb.blogspot.com/

Françoise

micheline a dit…

c'est toujours curieux ce regret du bon vieux temps!!!
ce qu'on regrette ce n'est pas les choses telles qu'elles étaient mais telles que nous les voyions avec les yeux de la jeunesse..
il y a sûrement des choses que les jeunes d'aujourd'hui regretteront quand ils seront vieux

Solange a dit…

Rosie, habiter si près et ne pas se connaître, je prenais souvent le traversier pour me rendre à Montréal-Nord.
Françoise, c'est triste pour nous mais les plus jeunes n'en souffrent pas ils n'ont pas connu mieux.
Micheline, ce doit être un réflexe normal, mes parents se sont ennuyés toute leur vie de leur coin de pays et ils sont retournés y mourir.

La Chouette a dit…

Bonjour Solange,

Un petit mot pour vous remercier pour vos mots de réconfort suite au départ de mon papa.

La Chouette des villes.

Rosie a dit…

Tu sais, je n'habite plus Montréal-Nord depuis longtemps, j'habite maintenant à Lévis, mais quand je vais dans ma famille et que je repasse par là, je suis si triste.

Plus personne de ma famille n'habite plus à Montréal-Nord, tellement rendu laid et c'était une si belle banlieue, où, il faisait bon vivre.

Bon mercredi et bisous xxxxx

Anonyme a dit…

Bravo si je ne te l'ai dit pour la peinture, elle est très belle

toujours une erreur dans ton adresse

http://grand-mere-sol,blogspot.com

Bisous
Françoise

Rosie a dit…

Une p'tite trace de mon passage, je te souhaite une journée tout en douceur.

Bon jeudi et bisous xxxxx

Anonyme a dit…

Super ton adresse fonctionne, quand tu auras fini de peindre ton cygne, tu me feras voir

Bisous
françoise

Anonyme a dit…

C'est une bel endroit ... je suis allée une fois à Laval ! Quant à mon livre, si tu peux te le procurer si tu connais un libraire qui veut bien se charger de la commande. Sinon, moi je veux bien te l'envoyer ... avec dédicace. Tout le plaisir sera pour moi ! Mais avant jette un oeil sur mon site d'écrivain pour te donner une idée de ce que c'est (www.corinnegiacometti.com) Gros bisous, merci

Anonyme a dit…

Oups ! erreur je crois c'est un Laval au Québec ???? ça risque d'être difficile ... mais bon, peut-être que non. à voir ...

Anonyme a dit…

bisous de ce vendredi encore très pluvieux

françoise

Anonyme a dit…

Bisous passes un très bon samedi

Françoise

Anonyme a dit…

j'aime également beaucoup les phrases de st exupéry!

Pur bonheur a dit…

C'est vrai que ça devait être très beau ce village, près de la rivière. Je crois connaitre l'endroit. Le gros couvent c'est celui qu'on voit quand on passe sur le pont au dessus de la rivière des prairies par 'Papineau' ?
Moi aussi je suis nostalgique de mon enfance, mais contrairement à toi, mon village natal n'a pas beaucoup changé. C'est dans les terres, entre St-Hyacinthe et Sorel.

Marie a dit…

ici aussi ma campagne
est vite devenue banlieu...
les champs sont devenus propriété de riches...
les enfants, il n'y en a plus ou très peu, ca demande trop de temps, trop d'énergie...
Ou sont passées les douces soirées a regarder les etoiles filantes au son des vagues ...

herbert a dit…

Ainsi, par ce texte, je te découvre un peu plus.
La nostalgie du temps passé, quand on revient sur les lieux de son enfance.
Les métamorphoses sui surprennent,déforment, défigurent ou transforment.
Je partage ton sentiment : dans mon village, les lavoirs ont disparu et les lavandières aussi.
Bisous pour toi

Solange a dit…

Herbert, j'ai vue un lavoir sur le blogue de Françoise oléron, dommage qu'on les fasse disparaitre. Mais pour le lavage c'est tellement plus simple une laveuse automatique.

Anonyme a dit…

Eh bien je peux vous assurer que même avant la 30aine, il est possible d'avoir un peu de nostalgie, et que même dans les années 80, St-vincent était un endroit formidable pour vivre son enfance.

La rivière, près du "Champ des soeurs", a bercé mon enfance, m'ême s'il n'y avait plus de soeurs. La cours de l'école-Groulx était l'endroit où entre gars on se faisait des batailles de neige, même si on ne se doutait pas qu'il y avait eu là une école de garçons.

Les enfants règnaient en maître dans les rues dès 7 heure du matin; on jouait au hokey à la patinoire du parc derrière le Collège Laval - que je croyais toujours ouvert aux promeneurs.

On avait plusieurs petits commerces, comme le cordonnier et le magasin de bicyc aux murs jaunes, près de la Maison des jeunes. Deux parc de loisir: celui près de l'école Groulx, plus social et enjolivé d'une rangée de grands peupliers, où on était certains de rencontrer d'autres enfants et où il se passait toujours quelque chose, et celui "du bord de l'eau", plus tranquille, ou j'amenais mes cousins et mes cousines quand ils étaient en visite.

Comme quoi, l'histoire se répète, et je dirai peut-être un jour, à mon tour, «le village semble être devenu sans vie», tandis que d'autres jeunes y vivront des moments de magie.

Peut-être que les beaux moments vécus dans ces lieux pendant des décénies les ont comme imprégné d'ambiance et de souvenirs, qui restent comme un écho. Est-ce que les lieux ont une mémoire qu'ils communiquent aux jeunes et aux nouveaux arrivants?

Et Dieu merci, la mode du tout-béton semble quelque peu révolue, et les gens se préoccupent un peu mieux de leurs boisés et du patrimoine naturel et architectural (souhaitons-le).

En tout cas, vos asters et papillons Monarque sont magnifiques, et plusieurs de vos illustrations sont époustouflantes.

Bonne continuation et merci beaucoup de partager votre art ainsi.

Respectueusement,

Victor

Solange a dit…

Victor c'est un plaisir de te lire,c'est sûr que chacun a ses souvenirs, moi je suis née ici et j'y ai toujours vécue et je puis t'assurée que c'était pas mal plus vivant avant. Aujourd'hui quand on veut quelque chose il faut prendre l'auto, parce qu'il n'y a plus aucun commerce ici.

Martine / Eglantine a dit…

J'aime beaucoup ton texte mais je suis incapable aujourd'hui de retourner à Paris où j'ai vécu avec ma grand-mère.... J'ai peur que cela soit douloureux.... Alors j'y suis retournée néanmoins via google earth, protégé par le virtuel... Une première étape. Bisous

Anonyme a dit…

j'ai habité St-Vincent au début des années '60. Mon père travaillait au super maximum.

Je suis allé a l'école Groulx.

Oui la vie était différente en ces temps là, j'habitais sur la rue St-Laurent, derrière Chartrand Ford et voisin du garage Champlain.

Il me reste des films de cette époque avec ma grand-mère et mon chien Zézette...

Pascal