lundi 12 mai 2014

La flûte

Pastel

La flûte

Tous les champs ont soupiré par une flûte
Tous les champs à perte de vue ondulés sur les buttes
Tendus verts sur la respiration calme des buttes

Toute la respiration des champs a trouvé ce petit
Ruisseau vert de son pour sortir
A découvert
Cette voix verte presque marine
Et soupiré un son tout frais
Par une flûte

Si près de l’émotion :
Le souffle est là, la flûte l’épouse,
Tout près,
Tout contre le souffle.

Hector de Saint-Denys Garneau

mercredi 30 avril 2014

Le changement

Pastel

Le changement

Après un long hiver, arrive le printemps et le besoin de faire un grand ménage autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Arrive aussi un goût de changement de renouveau. Les vêtements d’été nous attirent. Les plantes, les meubles de jardin nous font de l’œil. On pense à l’été tout proche, aux vacances et l’idée de changer de voiture nous travaille.

Voilà qu’après treize années de loyaux services, nous avons changé notre vieille Toyota Corolla pour une Volkswagen Jetta de l’année.

On s’attache à nos vieilles choses. En sortant du concessionnaire avec notre nouvelle acquisition, j’ai jeté un œil à notre vieille auto, elle avait l’air bien triste qu’on l’abandonne ainsi. J’ai eu un petit pincement.

mardi 22 avril 2014

L’illusion

Comme je manque un peu de temps, je remets ce pastel fait en 2008

L’illusion

Dieu fit la douce illusion
Pour les heureux fous du bel âge
Pour les vieux fous l’ambition
Et la retraite pour les sages.
- Voltaire

Que ne met-on pas à notre portée
Pour avoir l’illusion de la beauté
Teinture pour les cheveux
Maquillage pour les yeux
Pour avoir un teint de pêche
Fond de teint et poudre sèche
Lèvres pulpeuses, pommettes saillantes
Le botox remplira ces exigences
Quelques rides apparaissent ?
La chirurgie et ça presse
Une solution d’eau salée
Comblera une poitrine désavantagée
Une ou deux côtes en moins
Vous serez mince, c’est certain
L’électrolyse, quelle merveille
Pour une pilosité de pucelle
Cette beauté toute en artifices
Obtenue par tant de sacrifices
Jamais je le confesse
Ne remplacera la jeunesse.

mercredi 9 avril 2014

Le naufrage

Pastel

Le naufrage

Elle oublie, depuis quelque temps, elle oublie
Elle tourne en rond dans la maison
À la recherche de ses oublis
Son entourage se pose des questions

Elle range les choses à la mauvaise place
Oublie le repas sur le feu
Ses erreurs la glacent
Souvent elle pleure, son mari est malheureux

Son état s’aggravant, on devra la placer
Son désarroi sera très grand
Mais elle sera bien encadrée
Par un personnel dévoué et compatissant

Et toujours, le mal progressera
Ses paroles ne répondront plus aux questions
Parfois quelques moments de lucidité et ce sera la détresse
Pour son esprit, tout sera confusion

Elle ne verra pas grandir ses petits-enfants
Ne pourra plus apprécier les beautés de la vie
Son corps deviendra plus fragile en vieillissant
Quelle terrible maladie que de perdre l’esprit

mardi 1 avril 2014

Rien

Acrylique
Rien

Parler de rien, c’est ne rien dire,
Mais on peut parler de tout et de rien,
Mine de rien le sujet avance,
Car tout le monde sait que la vie est faite
D’une foule de petits riens.

Rien de neuf dans tout ça,
Pour trois fois rien on peut régler une affaire
C’est une affaire de rien,
Surtout quand il s’agit d’un vaurien.

Voilà je n’ai besoin de rien,
Non, rien de rien.

Si mon sujet ne vous dit rien de bon,
J’aimerais que ça ne me fasse rien.

dimanche 23 mars 2014

Printemps

Pastel

Printemps

Il paraît que la colonisation de la Nouvelle-France par les Français s’est effectuée sur un immense malentendu : l’existence d’un hiver interminable. En effet, toute notre vie est pensée en fonction d’un hiver comparable à celui de la France. On s’imagine encore que le printemps arrive au mois de mars et que les bourgeons sont en fleurs au mois d’avril.

Pourtant cela fait 400 ans qu’on voit année après année que tout se passe deux mois plus tard. Mais on s’accroche toujours aux rares années d’exception qui nous ont amené le printemps en mars !

Geneviève Lefebvre

lundi 17 mars 2014

Cap au Diable

Pastel

Cap au Diable

Témoin de centaines d’années d’histoire,
Spectateur impuissant durant la conquête
Qui embrasa plusieurs villages de son territoire,
Il est là, imposant et hautain,
Le nez pointé vers le fleuve sans fin
Qui flaire les vents du nordet,
La marée haute baigne son pied
Basse elle le laisse triste et vaseux.

Son nom lui fut donné par Jacques Cartier
Le bruit du vent sur le cap effrayait ses marins
Qui craignaient la fureur des démons.

C’est par une pente à pic qu’on l’escalade
Sillonné de petits sentiers piétinés par l’homme,
Fier de sa liberté, fier des sapins qui le gardent au frais l’été,
De son sommet la vue sur le fleuve est magnifique
Et nous permet d’assiter au grand spectacle du coucher du soleil.

Assistant impassible de toute une lignée de pêcheurs d’anguilles et de chasseurs de petits gibiers,
Il est l’orgueil de son comté.
Quand l’hiver le recouvre de son grand manteau blanc,
Tout Kamouraska frissonne pendant six mois.