dimanche 17 novembre 2013

Triste novembre

Acrylique

Triste novembre

Sur fond de ciel gris
Les arbres et leurs bras dégarnis
Tremblent de froid

Vers de chauds rivages
Les Snowbirds plient bagages
Retour au printemps

Frissons et refrissons
Moral dans les talons
Luminothérapie

dimanche 10 novembre 2013

Le dormeur du Val

Acrylique

Le dormeur du Val

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaiëuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud 1854-1891

dimanche 3 novembre 2013

Ingrid

Ingrid, Acrylique

La nuit, quand par hasard je m'éveille, et je pense
Que dehors et dedans tout est calme et silence,
Et qu'oubliant Laurence, auprès de moi dormant,
Mon cœur mal éveillé se croit seul un moment ;
Si j'entends tout à coup son souffle qui s'exhale,
Régulier, de son sein sortir à brise égale,
Ce souffle harmonieux d'un enfant endormi !
Sur un coude appuyé je me lève à demi,
Comme au chevet d'un fils, une mère qui veille ;
Cette haleine de paix rassure mon oreille ;
Je bénis Dieu tout bas de m'avoir accordé
Cet ange que je garde et dont je suis gardé ;
Je sens, aux voluptés dont ces heures sont pleines,
Que mon âme respire et vit dans deux haleines ;
Quelle musique aurait pour moi de tels accords ?
Je l'écoute longtemps dormir, et me rendors !

Alphonse de Lamartine  (Jocelyn, le 16 décembre 1793)

lundi 28 octobre 2013

Le vent

Acrylique

Le vent

Où est-il donc le vent?
Que je le prenne
Que je l´emmène
Le vent du Nord
Le vent qui mord
Le vent qui défait tes cheveux
Le vent qui vire tout à l´envers
Qui éparpille nos adieux
Aux quatre coins de l´univers
Dans la neige en hiver
Et l´été dans le vert de nos gazons

Le vent qui sème la tempête
Et qui affole la raison
Et qui fait les quatre cents coups
Et qui fait les quatre saisons

Le vent qui emporte nos voix
Toutes nos voix perdues d´avance
Dans ce pays par trop immense
Où les voix perdent la raison

Le vent qui fait claquer ma porte
Le vent que le diable l´emporte
Au plus profond de ses enfers
Et qu´il emporte ma chanson

Georges D’Or

samedi 19 octobre 2013

Le Survenant

Acrylique

Le Survenant

Un soir d’automne, au Chenal du Moine, comme les Beauchemin s’apprêtaient à souper, des coups à la porte les firent redresser. C’était un étranger de bonne taille, jeune d’âge, paqueton au dos, qui demandait à manger.
— Approche de la table. Approche sans gêne, Survenant, lui cria le père Didace.
D’un simple signe de la tête, sans même un mot de gratitude, l’étranger accepta. Il dit seulement :
— Je vas toujours commencer par nettoyer le cochon.
Après avoir jeté son baluchon dans l’encoignure, il enleva sa chemise de laine à carreaux rouge vif et vert à laquelle manquaient un bouton près de l’encolure et un autre non loin de la ceinture. Puis il fit jouer la pompe avec tant de force qu’elle geignit par trois ou quatre fois et se mit à lancer l’eau hors de l’évier de fonte, sur le rond de tapis, et même sur le plancher où des nœuds saillaient ça et là. Insouciant l’homme éclata de rire ; mais nul autre ne songeait même à sourire. Encore moins Alphonsine qui, mécontente du dégât, lui reprocha :
— Vous savez pas le tour !
Alors par coups brefs, saccadés, elle manoeuvra si bien le bras de la pompe que le petit baquet déborda bientôt. De ses mains extraordinairement vivantes l’étranger s’y baigna le visage, s’inonda le cou, aspergea sa chevelure, tandis que les regards s’acharnaient à suivre le moindre de ses mouvements. On eût dit qu’il apportait une vertu nouvelle à un geste pourtant familier à tous.
Dès qu’il eut pris place à table, comme il attendait, Didace, étonné, le poussa :
— Quoi c’est que t’attends, Survenant ? Sers-toi. On est toujours pas pour te servir.

Extrait du roman de Germaine Guèvremont, Le Survenant.

lundi 14 octobre 2013

Marguerite

Pastel d'après une photo de Mamichat

Marguerite

M arguerite est une petite fée
À chaque printemps elle et ses sœurs
R eviennent de leur pays enchanté
G arnir les jardins et les prés
U niformément habillées de blanc et de jaune
E lles aiment être rassemblées en bouquet par les enfants
R avis de plaire à leur maman
I maginez maintenant leur peine quand
T ous leurs pétales arrachés
E lles perdent leurs pouvoirs magiques.

Extrait des Anthologies Éphémères

dimanche 6 octobre 2013

La vieille maison



La vieille maison

Il est une maison éloignée de la route
C’est un chemin de terre qui nous y conduit
Elle a connu des joies et des peines sans doute
Et de nombreux enfants ont égayé sa vie.

Aujourd’hui esseulée, belle dame elle demeure
Sous les saules parfois, elle semble pleurer
Mais ne vous y fiez pas, tout ceci n’est qu’un leurre
Pour ramener à elle ceux qu’elle a tant aimés.