Mary Collin
En 1951, j’ai neuf ans. Depuis ma naissance, j’habite sur la rue de la Fabrique. L’appartement de quatre pièces devenu trop petit, nous déménageons sur la rue St-Joseph.
Sur cette rue, juste en face de la rue St-Césaire, il y avait une maison étrange qui abritait un petit restaurant, aujourd’hui nous dirions dépanneur, mais à l’époque, ce mot n’existait pas.
Cette maison était en bois recouvert de papier goudron noir. Les seules décorations étaient des annonces de 7up, Coke et Pepsi en métal, clouées au mur de la façade. Un énorme thermomètre ornait le cadrage de la porte. La galerie était basse avec une seule marche. La cour était envahie de broussailles et de mauvaises herbes qui empêchaient la libre circulation.
Mary Collin habitait cette demeure. C’était une septuagénaire à l’accent anglais. Son petit restaurant occupait la pièce avant de la maison. L’intérieur ne reniait en rien l’extérieur de la bâtisse. Il était sale et encombré.
Il y avait un comptoir vitré qui contenait des bonbons vendus « à la cenne » : lunes de miel, boules noires, caramels, encores, etc. Un réfrigérateur contenait de la crème glacée et des friandises. Pour cinq sous, on pouvait avoir un cornet à une boule, un fudgesicle, un popsicle. Les revels et les mel-o-rolls se vendaient dix sous ainsi que les cornets à deux boules. Sur des tablettes derrière le comptoir, des cigarettes en paquets et quelques conserves qui dataient.
Il y régnait une malpropreté qui serait intolérable de nos jours.
Une ouverture munie d’un rideau en guise de porte donnait sur la cuisine qui était elle aussi à l’abandon. Sur la table, une montagne de vieux journaux et des cochonneries de toutes sortes. Mary n’avait qu’un petit espace de libre pour mettre son assiette.
Pour nous les jeunes, c’était une sorte de sorcière. D'abord, elle était étrangère, elle s’était mariée et avait vécu aux Etats-Unis. Et ce qui n’arrangeait rien, elle était protestante et tirait aux cartes.
J’étais trop jeune à l’époque pour la faire parler. Aujourd’hui, comme j’aimerais qu’elle me raconte sa vie, comment elle en était venue à s’installer à St-Vincent-de-Paul et en quelle année !
Quatre ans plus tard, nous déménagions à nouveau et je ne l’ai plus revue. Puis un jour, j’ai appris sa mort, comme ça…
Sa maison est toujours là, rénovée. Et peu de personnes aux alentours ont connu Mary Collin…
En 1951, j’ai neuf ans. Depuis ma naissance, j’habite sur la rue de la Fabrique. L’appartement de quatre pièces devenu trop petit, nous déménageons sur la rue St-Joseph.
Sur cette rue, juste en face de la rue St-Césaire, il y avait une maison étrange qui abritait un petit restaurant, aujourd’hui nous dirions dépanneur, mais à l’époque, ce mot n’existait pas.
Cette maison était en bois recouvert de papier goudron noir. Les seules décorations étaient des annonces de 7up, Coke et Pepsi en métal, clouées au mur de la façade. Un énorme thermomètre ornait le cadrage de la porte. La galerie était basse avec une seule marche. La cour était envahie de broussailles et de mauvaises herbes qui empêchaient la libre circulation.
Mary Collin habitait cette demeure. C’était une septuagénaire à l’accent anglais. Son petit restaurant occupait la pièce avant de la maison. L’intérieur ne reniait en rien l’extérieur de la bâtisse. Il était sale et encombré.
Il y avait un comptoir vitré qui contenait des bonbons vendus « à la cenne » : lunes de miel, boules noires, caramels, encores, etc. Un réfrigérateur contenait de la crème glacée et des friandises. Pour cinq sous, on pouvait avoir un cornet à une boule, un fudgesicle, un popsicle. Les revels et les mel-o-rolls se vendaient dix sous ainsi que les cornets à deux boules. Sur des tablettes derrière le comptoir, des cigarettes en paquets et quelques conserves qui dataient.
Il y régnait une malpropreté qui serait intolérable de nos jours.
Une ouverture munie d’un rideau en guise de porte donnait sur la cuisine qui était elle aussi à l’abandon. Sur la table, une montagne de vieux journaux et des cochonneries de toutes sortes. Mary n’avait qu’un petit espace de libre pour mettre son assiette.
Pour nous les jeunes, c’était une sorte de sorcière. D'abord, elle était étrangère, elle s’était mariée et avait vécu aux Etats-Unis. Et ce qui n’arrangeait rien, elle était protestante et tirait aux cartes.
J’étais trop jeune à l’époque pour la faire parler. Aujourd’hui, comme j’aimerais qu’elle me raconte sa vie, comment elle en était venue à s’installer à St-Vincent-de-Paul et en quelle année !
Quatre ans plus tard, nous déménagions à nouveau et je ne l’ai plus revue. Puis un jour, j’ai appris sa mort, comme ça…
Sa maison est toujours là, rénovée. Et peu de personnes aux alentours ont connu Mary Collin…
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